
L'urbanisation est un fait indéniable ; il est prévu que d'ici à 2050, environ 64 % des pays en développement et 86 % des pays développés soient urbanisés. Les villes et les zones métropolitaines grandissent et deviennent plus complexes. De nouveaux défis surviennent tandis que d'anciens problèmes disparaissent. Une constante reste : la technologie continuera de façonner les villes du futur à travers le monde.
La conversation en ligne #BerlinVision organisée le 27 octobre par le siège de VITRONIC à Berlin en collaboration avec VITRONIC Machine Vision Middle East LLC a initié une discussion au sujet de la manière dont les métropoles peuvent ouvrir la voie vers les villes intelligentes et autonomes du futur en mettant en place des solutions de mobilité intelligente. En se concentrant sur Berlin, Hambourg et Dubaï, six experts ont partagé des connaissances clés issues de leurs expériences en matière de mobilité intelligente. Pendant 90 minutes, ils ont discuté des points communs et des divergences inhérents aux stratégies élaborées et aux défis survenus lors de la mise en œuvre des systèmes de surveillance du trafic de pointe du futur.
« Le défi le plus important pour une ville comme Hambourg c'est la croissance de la ville » a confirmé Steve Schneider. « Chaque année, la ville ne cesse de croître et la population continue de vieillir en parallèle. » Hambourg, désormais connue comme la ville intelligente d'Allemagne par excellence, est l'une des villes allemandes qui connaît la croissance la plus rapide avec une population intra-urbaine de plus d'1,8 million et de plus de 5 millions dans la région métropolitaine. Une croissance exponentielle qui représente également un défi considérable pour la plus grande ville portuaire d'Allemagne, selon le premier expert de la discussion en ligne.
Steve Schneider est Directeur général d'ITS mobility, une association à but non lucratif, moteur de la mobilité intelligente en Allemagne. Schneider a exposé pourquoi, en raison de l'ampleur du volume de marchandises transportées de Hambourg vers son port local, parallèlement aux millions de personnes traversant la ville chaque jour, Hambourg va faire face à des défis majeurs au cours des dix à vingt prochaines années car sa population continue de s'accroître et de vieillir, surtout en termes d'atténuation de l'impact environnemental et de gestion du manque d'espace.
La ville de Hambourg a fixé des objectifs à long terme : améliorer le flux de circulation et la qualité de l'air, et accroître la sécurité routière à l'aide des véhicules à conduite automatisée.
Pour surmonter les défis associés à la croissance exponentielle, la ville de Hambourg a mis en place une stratégie qui devrait asseoir la réputation de Hambourg comme ville intelligente. En voici ses principaux fondements d'ici à 2030 : 1.) une réduction importante du trafic routier, 2.) l'objectif de réduire l'impact environnemental, 3.) une fiabilité et une efficacité accrues des systèmes de transport, 4.) le besoin de collecter des données précises et sécurisées.
La plupart de ce que la ville de Hambourg doit accomplir pour réussir dans cette voie dans une perspective de long terme implique de jauger où la ville aurait besoin d'investir dans une nouvelle infrastructure, et d'en savoir plus sur la manière dont les informations seraient collectées et partagées entre les véhicules et le système de transport de manière plus large. Une première étape pour atteindre cet objectif d'ici à 2030 a été franchie : Avec 9 km, le plus long banc d'essai de conduite autonome en centre-ville d'Allemagne a été mis en place en 2019, permettant à la ville de collecter des données et d'expérimenter les véhicules automatisés et connectés sur les routes urbaines.
« La voie de test sera ouverte à tous les utilisateurs et fournisseurs indépendants », a expliqué Schneider. « Elle permet à la ville de Hambourg de tester chaque application, chaque service de mobilité qu'elle pense être potentiellement bénéfique à l'avenir. » Pour tester des systèmes de transport intelligent aux endroits où ils seront requis à l'avenir, la ville de Hambourg a équipé 37 feux de circulation d'une communication à courte portée basée sur ITS G5, un standard Wi-Fi, en plein cœur de la métropole. Et ces 37 feux de circulation n'étaient qu'un début.
Il est prévu que plus de 150 feux de signalisation équipés de cette technologie soient déployés au cours des 3 à 5 prochaines années.
Tandis que Hambourg revendique le titre de « Ville la plus intelligente d'Allemagne », la capitale allemande est devenue la « Capitale de la mobilité partagée ». Avec une méthode basée sur les tests et l'action, la ville a suivi une approche locale en encourageant les parties prenantes et les start-ups à créer des solutions basées sur des besoins existants sans cycles de planification longs. Et cette démarche a été couronnée de succès ! Étape par étape, l'électromobilité s'est installée, comme l'explique Jörg Welke, chef de projet en matière d'innovation chez eMO, l'agence berlinoise pour l'électromobilité. L'organisation est basée sur un partenariat public-privé et agit pour le compte du Département du Sénat de Berlin pour l'économie, l'énergie et les entreprises publiques à Berlin. L'objectif d'eMO est de s'engager en amont, d'autoriser des projets et de faciliter la collaboration dans le domaine de la mobilité intelligente.
Fondée en il y a une dizaine d’année, eMO avait pour mission initiale de démontrer le pouvoir de l'électromobilité dans le quotidien des entreprises. L'équipe a vite réalisé que ce n'était pas suffisant.
Nous nous sommes rendus compte que remplacer une transmission par une autre, passer d’un moteur à combustion à un moteur électrique, ne suffisait pas. Il faut aller plus loin. Nous devons atteindre la durabilité sur le long terme.
En se basant sur l'approche CASE de Daimler (Connected - Automated - Shared - Electrified, c’est-à-dire Connecté - Automatisé - Partagé - Électrifié), eMO a pour mission d'ajouter un S à cet acronyme d'après Welke. S comme « Sustainable » (durable). Pour transformer l'acronyme en « CASES ». Tous les projets eMO se concentrent désormais sur le trafic connecté, le trafic automatisé, le trafic hautement automatisé, la mobilité partagée et bien sûr, toujours la mobilité électrique.
Et la mobilité électrique est l'un des principaux modèles de réussite de Berlin. Mais pas seulement en matière de voitures traditionnelles.
Nous disposons d'environ 18 000 voitures électriques. Mais les champions de l'ombre de la mobilité électrique ici à Berlin sont les deux-roues, les vélos à assistance électrique, les vélos électriques et les trottinettes électriques.
La « capitale du partage » d'Allemagne est championne en matière d'auto-partage, de covoiturage, de vélos en libre-service, de trottinettes électriques en libre-service et de trottinettes en libre-service. La capitale allemande revendique le nombre de voitures par habitant le plus faible d'Allemagne, soit 320 voitures pour 1 000 habitants. Welke a attribué ce nombre au fait que les Berlinois sont relativement ouverts d'esprit quand il s'agit de choisir un mode de déplacement en ville. Tandis que la ville profite d'un financement généreux de la part du gouvernement fédéral en matière de déploiement des voitures électriques et de l'infrastructure associée, sa vraie force tient dans le goût prononcé de ses citoyens pour le partage, selon Welke.
Une autre étape pour développer la mobilité intelligente a également été franchie à Berlin : la première loi en matière de mobilité fixant les règles de base de la mobilité à Berlin a été instaurée. La seule en Allemagne à ce jour, d'après Welke. Aucune autre loi en matière de mobilité semblable à celle de Berlin n'existe à l'échelle des États allemands ou à l'échelle fédérale.
Et tandis que vu de l'extérieur, il peut sembler que Berlin manque de vision et se contente de résoudre les problèmes à court terme, l'« approche ascendante » telle que Welke la décrit, a été bénéfique pour la capitale de l'Allemagne.
Représentant le Moyen-Orient et Dubaï, le professeur, entrepreneur et ingénieur Dr. Malek Yamani a apporté des réflexions critiques à la discussion en reliant les villes intelligentes et les changements anthropologiques qui pourraient avoir lieu tandis que nous évoluons avec elles. « Les villes intelligentes nous font passer d'un monde de connaissances à un monde de l'information », a souligné Yamani. Et comme Steve Schneider l'a signalé, Yamani considère également l'éducation et la collaboration comme des facteurs clés.
« Je pense qu'il est temps pour toutes les entités, aussi bien publiques que privées, de s'unir pour veiller à ce que nous, les humains, soyons en avance sur la technologie, au moins sur le plan de la réflexion, et non l'inverse. » Il s'est exprimé sur le déclin de la capacité à analyser et à tirer profit des informations dans les pays développés parallèlement à l'amélioration de la qualité de vie. Cependant, Yamani est également convaincu que le partage des connaissances permettra aux humains de planifier et de créer les villes du futur. Les humains devraient pouvoir surmonter les défis associés à la vie dans les mondes du futur ultra-performants et ultra-confortables, a-t-il ajouté. Yamani a poursuivi en décrivant la manière dont les pays du Moyen-Orient comme Oman souhaitent prendre des mesures audacieuses en mettant à jour leurs systèmes de transport, et, comme nous avons pu le constater en Europe, la sécurité du trafic joue un rôle majeur.
L'absence de systèmes hérités et l'ouverture au changement ont été les principaux avantages du Moyen-Orient. « Lorsque vous revenez dans des villes telles que Mascate, Koweït City, Dubaï ou Abu Dhabi après une absence de, disons, trois, quatre, cinq ou six mois, vous trouverez une ville complètement transformée. De nouvelles routes, de nouveaux éclairages publics, et encore bien d'autres nouveaux éléments. » Le changement arrive vite au Moyen-Orient, d'après Yamani. Et encore une fois, ce sont les humains qui façonnent ce développement.
Je crois au leadership, aux décisions audacieuses, à la prise de risques et, surtout, à la confiance en l'avenir, car l'avenir ne nous fera pas défaut.
Youssef El Hansali de VITRONIC confirme que l'approche en matière de leadership au Moyen-Orient est ce qui fait la différence : « La sécurité du trafic au Moyen-Orient est l'une des principales priorités des dirigeants ici », selon El Hansali. Grâce à un leadership puissant et une prise de décision conséquente, Dubaï a notamment réduit le nombre de décès sur les routes d'environ 80 %. « Ce qui est phénoménal », d'après El Hansali. Certains exemples de projets intelligents à Abu Dhabi sont simples mais efficaces : la baisse de l'usage du mobile, le contrôle du port de la ceinture de sécurité ou du respect des distances de sécurité. Les résultats étaient visibles seulement quelques jours après la mise en place de ces contrôles.
Et le besoin augmente aussi au Moyen-Orient. « Nous aurons besoin d'encore plus de mobilité, et la demande continuera de croître dans ce domaine, au moins pendant les cinq à sept prochaines années », selon Yamani. Il envisage favorablement le futur du Moyen-Orient car son système de gouvernance est bien équipé pour répondre à ce défi grâce à des leaders prêts à prendre des décisions énergiques, des décisions fortes et des décisions déterminantes, comme par exemple, transformer les villes ou les routes en villes intelligentes ou en routes intelligentes.